samedi 30 août 2014





ça-me-dit martyrs Doual’art et le carré des artistes, sont les deux espaces qui ont accueillis ce projet depuis le vendredi 07 Aout. Deux expositions, deux vernissages accompagnées de performances dans des espaces urbains, de trois artistes sur un thème historique, celui d’un hommage, d’une commémoration, de cette date du 08 Aout 1914, jour de massacres de plusieurs hommes camerounais défendant les valeurs et la liberté de leur pays le Cameroun à veille de la première guerre mondial.

Un regard sur la peinture de grand format portant pour titre « mon livre d’histoire » de l’artiste Justin Ebanda Ebanda, venant tout droit de Nkongsamba pour participer à ce brillant projet, partage avec nous l’histoire de martyrs représentés. L’artiste donne l’opportunité à chacun des personnages de prendre la parole pour raconter l’histoire de sa vie et donc de ses différentes actions marquantes menées et celle de sa tragique disparition, de son décès et de la raison de celle-ci. Une œuvre qui se veut interactive faisant intervenir le spectateur en le plaçant dans un dialogue où il raconte à son tour sa vie.
image 1: une vue de " mon livre d'histoire"




A coté, imposante, le mémorial des martyrs comme un caveau, une œuvre installation multimédia, de deux parties donc une interne et l’autre externe, de l’artiste Jean David Nkot. La partie externe nous présente une structure de forme pentagonale, de dimension variable et recouverte de tissu, laissant apparaitre sur trois façades des portraits photographiés, imprimés et présentés sur bâche respectivement de Douala Manga Bell, Gosso Nding et Martin Paul Samba.
Image 2: le mémorial des martyrs

Image 3: vue en plongée du mémorial des martyrs
 Les deux autres façades dites « mémorial » ne sont  marquées que de tissu. Une entrée, sorte de porte ou de lien nous invite à la découverte de la partie interne de l’œuvre. Tous, spectateurs fleurs et bougie à la main et ignorant pourquoi, nous nous dirigeons tout de même à l’intérieur à travers une performance. Neuf colonnes sur un sol recouvert de sable, de dimensions variables ; disposées en trois rangées, sur lesquelles sont posées des têtes en sculpture en bois et recouvert de sciure pour donner un aspect morbide. Chacune de ces têtes porte une ampoule sur le crane, de couleur rouge symbolisant le sang versé, les souffrances endurées par les martyrs. Aussi, chacune  porte des numéros, sorte de numéro de CNI du Cameroun ; une combinaison de leur date de naissance et de décès, et un chiffre quelconque ajouté par l’artiste. Ces différentes sculptures sont une représentation des nombreux autres martyrs qui sont restés dans l’ombre, que l’histoire a souvent oubliés ou négligés et qui sont rendus hommage à travers bougies et fleurs.
image 4: installation, vue interieure du mémorial des martyrs


La grandeur de ces différentes œuvres dans la salle d’exposition de Doual’art s’inscrit dans un esprit pédagogique, dans le but d’interroger le spectateur et de le laisser dans un état de soucieux à la contribution de ce projet. Elle démontre aussi l’ouverture d’esprit de ces artistes sur les questions d’histoire et de construction de celle-ci à la recherche de sources valides.

Dans la même lancée, l’artiste Hervé Youmbi au carré des artistes, par la disposition de ses œuvres, impose un sens au spectateur. Sur le mur, à l’entrée dans un contraste de pureté et en aplat, utilisant les tons majeurs que le noir et blanc, une question inscrite : qu’elles leçons le Cameroun a t'il tiré du sacrifice supreme des martyrs du 08 Aout 1914 ? A la suite une série de billet de banque à des valeurs  différentes nous rappelant les « afros » de Pascal Martine Tayou, encadré et portant chacun pour effigie, le visage d’un martyr. Parmi ces billets de banque à la fin de la série, un billet, ayant à la place de l’effigie une silhouette sur laquelle on peut distinguer un point d’interrogation et ayant pour valeur 0. L’artiste montre sa déception sur la question de sacrifice dans les valeurs de la société aujourd’hui. Existe-il encore ou était ce l’affaire des « anciens » ? Pour clore cette exposition, une installation de t-shirts blancs décorés de motifs  noirs conçus et réalisés par l’artiste sorte de souvenirs de ce moment.
Image 5: "les afris "
image 6: le mur témoin de Hervé Youmbi

Une telle fusion dans la diversité des genres et des générations autour d’un thème en deux expositions et en deux espaces de renom différents n’aurait pu aboutir sans le management de l’auteur de ce projet, historienne de l’art et commissaires de ces expositions, madame Ruth Belinga. Un projet qu’elle souhaite itinérant dans toutes les régions du Cameroun dans le but de sensibiliser la population entière même dans les recoins.
-Ça te dit martyrs ?
-Pardon ? Martyrs ?
-Oui
-Ah ça me dit martyrs ? Euh… Douala Manga Bell ??  Et  toi ?
-Gosso Nding,  Martin Paul Samba…


On a alors qu’à souhaiter bon vent et longue vie fructueuse  à ce projet qui contribue voire engage les artistes, promoteurs culturels, critiques dans la participation au développement culturel et social de notre pays afin que soit écrite et connue par tous SON HISTOIRE.

                                   
                                                         artkmermouth

1 commentaire:

  1. je trouve assez édifiant de rendre hommage à nos héros dont les bravoures se veulent enterrées avec eux,pourtant ils devraient plutôt être elles devraient plutôt ressortir au grand jour...

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